Etat des lieux de la prise en charge de la douleur et de l’analgésie chez le lapin dans les structures vétérinaires
Livia Benato, Nicola J. Rooney and Jo C. Murrell. Pain and analgesia in pet rabbits within the veterinary environment: a review. Veterinary Anaesthesia and Analgesia. Accepted manuscript. 2018.
Introduction
Au Royaume Uni, 68% des lapins sont médicalisés, et environ 600 000 lapins sont stérilisés chaque année. Malgré ce grand nombre de chirurgies, les protocoles anesthésiques et analgésiques sont beaucoup moins connus et maitrisés que chez le chien et le chat. De plus, le risque anesthésique a été calculé à 1,39% chez le lapin ce qui est 6 à 8 fois plus élevé que chez le chat et le chien respectivement.
Il est aujourd’hui reconnu qu’un défaut dans la prise en charge de la douleur peri-opératoire a pour conséquence une récupération rallongée, et l’apparition d’iléus paralytiques.
L’objectif de ce travail est de faire l’état des lieux bibliographiques des connaissances sur la douleur et l’analgésie chez le lapin dans le but de mieux comprendre ce sujet, de faire un bilan des avancées dans ce domaine et de cerner les lacunes nécessitant de nouvelles études.
Matériels et méthodes
Pour réaliser cette synthèse bibliographique, trois moteurs de recherche ont été utilisés : Web of Science, Medline et CAB. Pour effectuer les recherches, les mots clés choisies ont été : lapin, lagomorphe, animaux de laboratoire, animal de compagnie, douleur, chirurgie, ovario-hystérectomie, orchiectomie, castration, analgésie, opioïdes, et anti-inflammatoires non stéroïdiens (rabbits, lagomorphs, laboratory animals, pet, pain, surgical procedures, ovariohysterectomy, orchiectomy, castration, analgesia, opioids, and non steroidal-anti-inflammatory drugs). Tous les chapitres de livres et articles en relation avec ce sujet ont été inclus.
Résultats
A l’issu de l’analyse des articles retenus, force est de constater que la prise en charge médicale des lapins s’est améliorée ces 20 dernières années. Cependant, la littérature suggère que le traitement de la douleur est toujours insuffisant ou inadéquat. Les vétérinaires pensent que leurs connaissances dans ce domaine sont limitées. L’évaluation et la reconnaissance de la douleur chez le lapin peut être compliquée dans un environnement clinique car, comme toutes les proies, les lapins ont tendance à cacher leurs comportements douloureux. De plus, il n’existe qu’une seule grille d’évaluation de la douleur chez le lapin qui a été validée. Mais celle-ci est uniquement basée sur l’expression faciale et n’a été validée que sur une race (lapin néozélandais blanc).
Discussion
Lors de l’analyse de l’ensemble du matériel bibliographique, il apparait que la quasi-totalité des études ont été réalisées sur des lapins de laboratoire (race néozélandais blanc). Non seulement les animaux utilisés, sont jeunes et en bonne santé, mais il semblerait qu’il existe des différences de métabolisme et de réactions aux molécules analgésiques entre cette race et les races de lapins qui sont présentes dans les foyers. La même observation a été faite concernant l’évaluation de la douleur : toutes les études ont été réalisées en condition de laboratoire. Les outils d’évaluation validés en laboratoire sont-ils utilisables en clinique ?
La prise en charge de l’analgésie est compliquée chez le lapin pour plusieurs raisons. La première est que sans grille d’évaluation validé en clinique, il n’est pas possible d’apprécier les réponses au protocole analgésique mis en place. Si quelques études de pharmacocinétiques ont été publiées, très peut d’études doses effets sont disponibles. De plus les méthodologies des études publiées sont très différentes ce qui rend difficile leur comparaison. La majorité des molécules sont donc utilisées de manière empirique.