Congrès américain ExoticsCon - Boston Août 2023

1 septembre 2023

Du 20 au 24 août 2023 avait lieu le plus grand congrès sur la médecine des NAC, ExoticsCon, à Boston. Des vétérinaires venant des quatre coins du monde se sont retrouvés pour partager leurs expériences cliniques, présenter les résultats de leur projet de recherche. Pendant 5 jours, conférences, masterclass, travaux pratiques et tables rondes se sont enchaînés avec plus de 400h de formation portant sur la médecine, la chirurgie mais aussi l’analgésie des petits mammifères, oiseaux et reptiles.

Résumés conférences ExoticsCon

Effets d’une dose unique de gabapentine chez les pigeons domestiques
(Columba livia domestica)

Laura Burns, DVM, Kelsey Trumpp, DVM, Connor Jacobson, DVM, Stephen Divers, BVetMed, DZooMed, DipECZM, Dipl ACZM, FRCVS

From the Department of Small Animal Medicine and Surgery (Zoological Medicine), College

of Veterinary Medicine, University of Georgia, Athens, GA 30602, USA.

Les oiseaux sont généralement présentés en consultation aussi bien pour des consultations de bonne santé que pour des pathologies. La manipulation pour réaliser un examen clinique peut entraîner un stress important qui aggrave les signes cliniques. La gabapentine a été utilisée chez d’autres espèces comme traitement sûr et efficace pour réduire le stress lié au transport et à l’examen clinique. Cette étude visait à évaluer les effets de la gabapentine sur les paramètres physiologiques (fréquence cardiaque et fréquence respiratoire) et les comportements associés au stress chez les pigeons. L’hypothèse était que la gabapentine administrée une seule fois améliorerait les paramètres physiologiques, améliorerait la manipulation et réduirait les comportements associés au stress. Dans le cadre d’une étude croisée, randomisée et en aveugle, vingt pigeons domestiques ont reçu 50 mg/kg de gabapentine par voie orale et un placébo (NaCl) à volume égal. Tous les animaux ont été soumis à une période de sevrage de 8 jours entre les traitements. Chaque pigeon a été évalué avant toute manipulation puis évalué 1 heure et 2 heures après le traitement. Les comportements individuels et les paramètres physiologiques ont été évalués avant et après la manipulation à chacun de ces moments. Un test d’intrusion humaine modifié, une échelle de sédation (1-5) et un score de résistance (0-3) ont également été développés et comparés à différents moments. La fréquence cardiaque moyenne a diminué de 30 battements par minute, 2 heures après le traitement. Les scores de résistance étaient inférieurs de 0,35 point à ceux du contrôle, 2 heures après le traitement. Les tentatives de capture pour examen étaient inférieures de 0,49 tentatives 2 heures après le traitement par rapport au contrôle. Une légère sédation a été observée chez 20 % des pigeons recevant de la gabapentine. Les résultats de cette étude indiquent que la gabapentine peut être bénéfique lors de la manipulation de pigeons et que de futures études devraient être envisagées chez d’autres espèces aviaires.

Anesthésie locorégionale chez les petits mammifères : approche clinique

Giulia Bersanetti, DVM, MSc, Elisa Silvia D’Urso, DVM, PhD, MRCVS, Paolo Selleri, DVM, PhD, DipECZM (Herpetology), DipECZM (Small Mammal)

From Centro Veterinario Specialistico, Via Sandro Giovannini 53, Rome, Italy.

L’anesthésie locorégionale est une aide précieuse pour la gestion de la douleur périopératoire. Elle est largement décrite chez les chiens et les chats. Certaines techniques ont également été rapportées chez des espèces exotiques, y compris les petits mammifères, mais elles sont pour la plupart peu décrites. De plus, la plupart des études décrivent des techniques réalisées sur des cadavres, qui ne permettent aucune évaluation clinique tant sur l’efficacité que sur les effets secondaires possibles. Cette conférence traite d’une série de cas sur l’utilisation de l’anesthésie locorégionale chez les petits mammifères comme les lapins, les chinchillas, les hérissons et les suricates qui ont subi des interventions chirurgicales. L’objectif est de décrire les techniques appliquées, leur efficacité et leur utilité en milieu clinique. Dans ces cas, la principale limitation de l’applicabilité des techniques décrites chez les chiens et les chats est liée à la petite taille de l’espèce visée. L’utilisation d’une approche guidée par échographie ou par électrostimulation était essentielle pour la localisation du point d’injection correct dans les cas rapportés. Les exemples incluent le bloc du plexus brachial guidé par échographie chez un lapin pour une amputation d’un membre antérieur, le bloc du nerf sciatique et fémoral guidé par électrostimulation avec une approche pré-iliaque chez un lapin et chez un hérisson pour une chirurgie orthopédique des membres postérieurs, le plexus lombo-sacré guidé par électrostimulation et le bloc du nerf fémoral avec approche pré-iliaque chez un suricate et bloc du plexus brachial guidé par électrostimulation chez un chinchilla pour l’amputation des membres antérieurs. L’utilisation de l’anesthésie locorégionale a permis de fournir un plan analgésique adéquat pour la procédure sélectionnée, en réduisant la dose de médicaments systémiques pour l’anesthésie et en fournissant une analgésie pendant les procédures et la récupération.

Développement et validation d’une échelle de douleur chez le cobay

Charly Pignon, DVM, DipECZM (Small Mammal), Floriane Benedetti, DVM, Patricia Muffat-es-Jacques, DVM, Caroline Gilbert, DVM, PhD, DipECAWBM

From Exotics Medicine Service, and Behavior Medicine Service, Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, 7 avenue du Général De Gaulle, 94700 Maisons-Alfort, France

Le but de cette étude était de développer et de valider une échelle d’évaluation de la douleur chez le cobaye utile cliniquement aux vétérinaires. Pour atteindre cet objectif, l’échelle s’est basée sur des échelles de douleur préexistantes chez d’autres espèces et créée avec les critères décrits dans la littérature connus pour être des indicateurs de douleur chez le cobaye. Cette échelle était composée de 14 descripteurs regroupés en quatre catégories : une liée à l’apparence, une fonctionnelle, une physiologique et une composante comportementale. Lors de son utilisation, de l’observation et de la manipulation des cobayes, une note a été attribuée pour chaque item. Le score total obtenu, allant de 0 à 26, est destiné à donner une indication sur l’intensité de la douleur. L’étude expérimentale de validation de cette échelle a été menée sur 45 cobayes adultes présentés au CHU d’Alfort entre mars 2021 et mars 2022. L’analyse statistique a montré que l’échelle présentait une très bonne répétabilité et reproductibilité intra-opérateur. L’accord entre les intensités de douleur obtenues avec l’échelle et la douleur attendue était passable. La sensibilité de l’échelle était de 52 % et la spécificité de 78 %. L’évaluation de la répétabilité et de la reproductibilité de certains items a mis en évidence ceux qui nécessitent d’être clarifiés pour la bonne compréhension de l’échelle. D’autres études en cours incluent des modifications de ces éléments et l’utilisation d’un plus grand nombre d’animaux pour améliorer cette échelle à des fins cliniques.

Etude pharmacocinétique de la buprénorphine par voie intramusculaire et transmucosale orale chez le furet (Mustela putoris furo)

Kelsey M. Trumpp, DVM, Stephen J. Divers, BVetMed, DZooMed, DipECZM (Herpetology), DipECZM (Zoo Health Management), Dipl ACZM, FRCVS, Laura Burns, DVM, Megan Partyka, DVM, Nia Chau, RVT, VTS (Exotic Companion Animal), Stephen Harvey, DVM, DACLAM, Heather Knych, DVM, PhD, DACVCP

From the Department of Small Animal Medicine and Surgery (Zoological Medicine), (Trumpp, Divers, Burns, Partyka, Chau) and the Department of Population Health, Laboratory Animal Medicine Program (Harvey), University of Georgia College of Veterinary Medicine, 501 D. W. Brooks Drive, Athens, GA 30602 USA, K.L. Maddy Equine Analytical Chemistry Laboratory, School of Veterinary Medicine, University of California, Davis, 620 West Health Science Drive, Davis, CA 95616 USA (Knych).

Le furet est un animal de compagnie courant aux États-Unis. Bien que l’analgésie soit un élément important en pratique vétérinaire, un contrôle approprié de la douleur peut s’avérer difficile. L’une des difficultés rencontrées pour soulager la douleur des petits mammifères de compagnie est le manque d’options thérapeutique pouvant être administrées facilement par du personnel non vétérinaire en dehors du milieu hospitalier. Bien que les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les analgésiques neuropathiques soient couramment utilisés chez les furets, les options opioïdes non injectables, indiquées pour les douleurs plus modérées ou sévères, sont limitées. La buprénorphine administrée par voie transmuqueuse orale (OTM) chez d’autres espèces, y compris les chiens et les chats, s’est avérée fournir une analgésie efficace. Huit femelles furets ont été impliquées dans une étude pharmacocinétique prospective croisée de 2 semaines. Chaque furet a reçu deux traitements de 0,04 mg/kg de buprénorphine (0,3 mg/ml) avec une période de sevrage de 7 à 10 jours entre chaque traitement. Le sang a été collecté à plusieurs moments pour une analyse pharmacocinétique. Les concentrations plasmatiques maximales moyennes étaient respectivement de 5,03 et 1,00 ng/ml pour les voies d’administration IM et OTM. Les délais moyens jusqu’à la concentration plasmatique maximale était de 0,13 et 0,17 heures, et les demi-vies terminales moyennes étaient de 2,77 et 0,715 heures pour les voies d’administration IM et OTM, respectivement. Aucun effet indésirable n’a été observé, mais une légère sédation a été observée chez la plupart des animaux, quelle que soit la voie d’administration. Sur la base des concentrations plasmatiques efficaces de buprénorphine chez les chiens (0,6 ng/ml), la buprénorphine OTM ne peut fournir qu’une analgésie pour une durée courte chez les furets. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si une dose plus élevée pourrait être plus appropriée pour la buprénorphine OTM chez les furets.

1) Meredith A, Lord B. BSAVA Manual of Rabbit Medicine. Gloucester. BSAVA. 2014:102-103.

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