UTILISATION EN ANESTHESIE BALANCEE
Le concept de l’anesthésie balancée se définit comme une association d’agents pharmacologiques qui agissent ensemble par effets additifs à synergiques pour apporter les caractéristiques nécessaires à l’anesthésie, à savoir narcose/inconscience, myorelaxation et analgésie, tout en minimisant les effets secondaires par rapport à une anesthésie mono-molécule nécessitant par conséquent une dose bien supérieure de cet agent unique. Elle associe un agent anesthésique principal, la plupart du temps un anesthésique halogéné comme l’isoflurane, et d’autres molécules analgésiques, sédatives et/ou myorelaxantes, ou encore en association avec des techniques d’anesthésie loco-régionale.
Chez le cheval en particulier, l’amélioration des caractéristiques de réveil est particulièrement recherchée[2,3]. La stabilité cardio-respiratoire est aussi avantageuse, spécialement lors d’anesthésie sur des chevaux à risque augmenté comme les coliques. L’autre nom utilisé pour décrire cette technique d’anesthésie générale est l’anesthésie partiellement intraveineuse (PIVA : Partial IntraVenous Anesthesia) en contraste avec l’anesthésie intraveineuse totale (TIVA : Total Intravenous Anesthesia).
L’administration d’une CRI de médétomidine (3,5 mcg/kg/h) procure un effet d’épargne du besoin en isoflurane estimé à 20% [3]. Cliniquement, pour une large variété d’interventions (tissus mou et osseuse), la concentration expirée efficace en isoflurane (EndTidal iso = ETiso) se situe entre 1 et 1,2% (mesure obtenue par échantillonnage des gaz expirés avec un moniteur multiparamétrique disposant d’un module gaz complet : CO2, O2 et agent halogéné).
La perfusion continue est initiée une fois le cheval placé sur la table d’opération et l’isoflurane en début d’administration. La médétomidine peut être utilisé comme agent de sédation pour l’induction de l’anesthésie (dose de 5- 7 mcg/kg, effet en quelques minutes) ou être administrée au bloc après l’utilisation de la romifidine ou de la xylazine pour la sédation initiale. La CRI est arrêtée à la fin de l’anesthésie. Il peut être nécessaire de la redoser dans le box de réveil si un nystagmus est présent (1-2 mcg/kg).
De multiples études cliniques ont documentés une bonne qualité de réveil (calme, peu d’essais de relever et peu d’ataxie) avec des durées d’anesthésie allant de 60 à 240 minutes et une durée moyenne de réveil de 40 à 60 minutes (fin anesthésie-debout) chez des chevaux en bonne santé.
Une étude récente a comparé lors d’une anesthésie de 140-150 minutes : Isoflurane ETiso 1,1% et morphine 0,1 mg/kg IM 20 minutes avant le réveil à l’administration de médétomidine (sédation à 7 mcg/kg pour induction avec diazépamkétamine suivie d’une CRI à 3,5 mcg/kg/h pendant l’entretien de l’anesthésie puis redosée à 2 mcg/kg pour le réveil) avec la xylazine (sédation à 1,1 mg/kg pour induction avec diazépam-kétamine suivie d’une CRI à 0,69 mg/kg/h pendant l’entretien de l’anesthésie puis redosée à 0,3 mg/kg pour le réveil) [7].
Pour les 2 protocoles, la qualité de l’anesthésie a été jugée équivalente avec de bons réveils d’une dizaine de minutes plus long avec la médétomidine que la xylazine (59-65 min versus 45- 52 min avec un passage par un décubitus sternal de 15-20 minutes et 50 % des chevaux debout dès le premier essai de relever pour les 2 molécules). Les effets cardiovasculaires du protocole ont été jugé similaires et moindre que ce qui est documenté avec la détomidine ou la romifidine.