Introduction
L’obésité est un problème de santé publique chez l’homme et chez l’animal. On considère qu’aux Etats Unis 33% des adultes sont obèses, et jusqu’à 41% de la population canine présente un surpoids.
L’obésité canine et féline a pris des proportions pandémiques depuis quelques années, elle est associée à de nombreux autres problèmes de santé incluant l’apparition de pathologies urinaires, cutanées, endocriniennes ou tumorales et d’affections ostéo-articulaires dont l’arthrose est la plus importante.
L’arthrose est une maladie dégénérative atteignant les articulations qui présente une prévalence importante chez le chien, touchant au minimum 20% des chiens adultes.
Les signes radiographiques d’arthrose chez le chat varient de 16 à 91% en fonction des revues, ils sont particulièrement présents chez le chat âgé.
Chez l’homme comme chez le chien, l’arthrose est la cause la plus commune de douleur et d’inaptitude physique. L’obésité a depuis longtemps été considérée comme un facteur prédisposant l’apparition de l’arthrose et aggravant les signes cliniques chez l’homme comme chez l’animal. De nombreuses revues rapportent une association entre arthrose du genou et obésité chez l’homme. En médecine vétérinaire, l’association entre l’arthrose de la hanche et le surpoids est établie.
Pathogénie de l’arthrose
La cause initiatrice de l’arthrose, chez l’homme ou l’animal, reste inconnue.
On peut distinguer deux types d’arthrose : les maladies primaires ou secondaires du cartilage articulaire.
L’arthrose primaire peut être due à des chocs répétés sur l’articulation, à l’âge ou à une prédisposition génétique (ex : dysplasie de la hanche retrouvée dans certaines populations, humaine ou animale).
L’arthrose secondaire peut découler de maladies orthopédiques, de blessures ou de congruence anormale de l’articulation. Plus précisément : les facteurs prédisposant l’apparition d’arthrose chez le chien sont la dysplasie du coude et de la hanche, les chirurgies orthopédiques, la rupture du ligament croisé crânial, les fractures articulaires ou les incongruités dues à des malformations des membres en particulier.
Dans ces contextes, l’inflammation de l’articulation est permanente et l’organisme tente de maintenir la stabilité de l’articulation grâce à une prolifération osseuse. Celle-ci correspond à un processus inflammatoire articulaire où prédomine une dégradation voir une perte des protéoglycanes de la matrice extracellulaire, résultant en une modification générale de l’anatomie du cartilage articulaire.
La pathogénie repose sur la destruction du cartilage et de l’os souschondral, histologiquement apparaissent des fissures du cartilage.
L’articulation arthrosique se caractérise par une diminution de ses capacités élastiques malgré les tentatives de réparation des chondrocytes et par une densification de l’os souschondral qui augmente l’ossification de l’articulation. Plusieurs marqueurs de ce processus dégénératifs ont été identifiés : prostaglandines E2 (PGE2), métalloprotéinases (MMPs), substance P, facteur tumoral nécrosant (TNF-alpha), interleukines pro-inflammatoires telles qu’IL1, IL6, IL10 et leucotriènes accompagnent ces modifications ; du fait de leur action sur le stress oxydatif, ils participent à l’avancement de la destruction de l’articulation arthrosique.
Le chien, un modèle d’étude de l’arthrose chez l’homme.
La relative courte durée de vie du chien par rapport à l’homme permet une comparaison longitudinale de la maladie arthrosique entre les deux espèces et des thérapeutiques mises en place lors de signes cliniques d’arthrose. Pour autant la position quadrupède du chien par rapport à la position bipède de l’homme doit être prise en compte. Chez le chien, la répartition du poids est de 60% sur les membres antérieurs et de 40% sur les membres postérieurs, avec une angulation de 20 degrés environ sur l’articulation fémoro-tibiale qui pourrait présenter des conséquences sur le développement de l’arthrose, encore inconnues.
Certains aspects épidémiologiques doivent aussi être soulignés, puisque cette maladie est influencée chez le chien par la race, la taille, le poids, le sexe, l’âge et la stérilisation.
L’obésité, par exemple, est connue pour être un facteur de risque chez l’homme mais évaluer l’importance de son rôle dans le développement de l’arthrose se révèle être un challenge. Chez le chien, une étude a montré que lorsque deux groupes de chien de caractéristiques épidémiologiques identiques sont nourris de manière différentes (ad libitum ou de manière restrictive), il existe une nette différence dans le délai d’apparition d’arthrose ; 25% des chiens nourris ad libitum versus 4% chez les chiens à alimentation restreinte présentent des signes radiographiques d’arthrose de la hanche à 5 ans.
L’obésité, un facteur prédisposant et aggravant ?
L’étiologie de l’arthrose associée à l’obésité reste donc encore floue. L’effet du surpoids sur la biomécanique de l’articulation soumise à compression chez l’homme ou chez l’animal est la première cause supposée d’apparition de maladie dégénérative articulaire. Néanmoins, une étude chez l’homme montre une prévalence augmentée de l’arthrose des articulations de la main chez l’individu obèse. Ces articulations ne supportant pas le poids du corps, on suppose que l’obésité s’accompagne d’un état inflammatoire systémique qui devient facteur de risque d’apparition d’arthrose. En effet, le tissu adipeux chez l’homme comme chez l’animal sécrète une grande variété d’adipokines, suggérant que des facteurs métaboliques associés à l’obésité sont présents, indépendamment du risque de développer de l’arthrose.
Les médiateurs inflammatoires produits par le tissu adipeux incluent des cytokines (MMPs, IL1, IL6 et TNF-alpha), et des adipokines (leptine, vistafine, adiponectine et résistine). Le rôle exact des cytokines n’est pas encore clair mais on les trouve au sein des tissus enflammés de l’articulation synoviale lors d’arthrose, ils sont médiateurs de la dégénérescence du cartilage.