Intérêt de l’utilisation du Zenalpha®
pour la sédation chez le chien

29 mars 2023

Les alpha-2 agonistes tels que la médétomidine et la dexmédétomidine sont largement utilisés en médecine vétérinaire pour les sédations et prémédications chez le chien. Néanmoins, ces drogues présentent des effets cardiovasculaires importants, dose-dépendant. La vasoconstriction périphérique provoquée par l’utilisation d’α2-agoniste provoque une bradycardie (baroréflexe), s’ensuit une diminution du débit cardiaque qui peut entraîner une réduction de la délivrance d’oxygène aux tissus (Bloor et al. 1992, Pypendop et al. 1998). En pratique et en prenant en compte ces effets secondaires , les α2-agonistes restent très utiles pour leur action sédative et antinociceptive via leur effet au niveau du système nerveux central.

Le vatinoxan est un antagoniste spécifique périphérique des récepteurs aux α2-agonistes. Il  traverse peu la barrière hémato-encéphalique ce qui limite son action centrale (Honkavaara et al,  2020). De nombreuses études ont démontrés l’action du vatinoxan sur la prévention des impacts  cardiovasculaires de la médétomidine chez le chien (Restitutti et al. 2011). Par son action, le  vatinoxan ne réduit pas la perfusion d’organe et le volume de distribution plasmatique (Honkavaara  et al, 2012). Ainsi son administration provoque une réduction globale des concentrations en α2– agonistes plasmatiques et leur élimination plus rapide (augmentation de la clairance rénale). Une  étude à montrée que l’utilisation d’une dose deux fois supérieure de médétomidine (40µg/kg IV)  associée au vatinoxan chez le chien induit une concentration plasmatique égale de médétomidine  lorsqu’elle est utilisée seule (20µg/kg IV) (Huuskonen et al. 2020). Une autre étude a montré l’impact  de l’utilisation de la médétomidine associée ou non au vatinoxan sur la microcirculation périphérique  (Niemann et al, 2022). Le couple médétomidine/vatinoxan a significativement moins d’effet que la  médétomidine seule sur la microcirculation de la muqueuse buccale. Lors de son administration  intramusculaire, il semble que la résorption périphérique du couple vatinoxan/médétomidine soit  significativement plus rapide que la résorption de la médétomidine seule. Ceci peut s’expliquer par  la limitation de l’effet α2 sur la vasocontriction locale.

Aujourd’hui une nouvelle préparation associant la médétomidine et le vatinoxan fait son entrée au sein de la pharmacopée européenne (Zenalpha®, médétomidine et vatinoxan hydrochlorides, DECHRA). Pour l’heure, son indication concerne la sédation et l’analgésie pour une procédure non invasive, pas ou peu douloureuse et d’une durée inférieure à 30 minutes. L’autorisation de mise sur le marché concerne uniquement le chien et l’administration par voie intramusculaire. Il n’est pas recommandé d’administrer ce produit chez les animaux pour lesquels l’administration d’un α2-agoniste est contre-indiquée (liste non exhaustive : maladies cardiovasculaires, respiratoires, insuffisance rénale, état de choc, etc.).

A doses équivalentes, l’utilisation du Zenalpha® comparé à celui de la médétomidine seule permet la réalisation de sédation de durée légèrement diminuée. La qualité de sédation est équivalente à l’utilisation de la médétomidine seule. Son impact cardiovasculaire semble limiter certains biais d’un examen clinique réalisé sous sédation avec de la médétomidine seule. Par exemple, les paramètres fréquence cardiaque, temps de recoloration capillaire et couleur des muqueuses seront moins impactés. A l’inverse, on peut observer des effets secondaires corrélés à son action cardiovasculaire périphérique : hypothermie et tachycardie par exemple (action directe sur la vasotonicité périphérique). En cas de nécessité, il est possible d’antagoniser l’action centrale de l’α-2 agoniste par l’administration d’atipamézole (Turunen et al. 2020).

Conclusion :
Le Zenalpha® est une nouvelle préparation injectable associant médétomidine et vatinoxan, un antagoniste périphérique aux récepteurs α2. Il limite l’effet α2-agoniste périphérique sans altérer la qualité de sédation. Il dispose d’une AMM chez le chien, pour une administration par voie intramusculaire.

Raphaëlle Laffitte, DVM, Résidente ECVAA (European College of Veterinary Anesthesia and Analgesia)

Facebook
Twitter
LinkedIn
Retour en haut