Résumé des conférences
du congrès américain NAC : ExoticsCon

5 octobre 2022

Résumé des conférences :

Etude pharmacocinétique des cannabinoïdes et de leurs métabolites chez l’amazone à ailes oranges suivant l’administration d’extraits de chanvre.

Pharmacokinetics of Cannabinoids and Metabolites in Orange-Winged Amazon Parrots (Amazona amazonica) Following Administration of a Hemp Extract
Mariana Sosa-Higareda

Les cannabinoïdes ont été étudiés pour leurs effets antinociceptifs, anti-inflammatoires, antipsychotiques et antinéoplasiques chez les mammifères, ce qui en fait potentiellement des options thérapeutiques intéressantes chez les oiseaux souffrant de douleur chronique.

Le but de cette étude était de déterminer les paramètres pharmacocinétiques lors d’administration orale à doses uniques et multiples des cannabinoïdes et de leurs métabolites dans un extrait commercial de chanvre (Cannabis sativa) (Ellevet, South Portland, ME) qui contenait du cannabidiol (CBD), de l’acide cannabidiolique (CBDA), de la Δ-tétrahydrocannabinol 9 (THC),  de la tétrahydrocannabinolique cannabigérol, de l’acide cannabigérolique et  du cannabichromène (45,2, 49, 1,86, 0,56, 0,69. 1,21, 1,53 mg/mL respectivement) chez les perroquets amazones à ailes oranges. Basé sur des données pilotes, une dose de 30/32,5 mg/kg de CBD/CBDA a été administrée. Huit perroquets à jeun ont été utilisés dans une étude pharmacocinétique à dose unique avec des échantillons de sang prélevés à 0, 0,5, 1, 2, 4, 6, 8, 10, 12, 24 heures après administration. Après une période de sevrage de 4 semaines, des doses multiples de l’extrait de chanvre ont été administrées à sept oiseaux à la dose précédente q12h pendant 7 jours, et des échantillons de sang ont été prélevés aux points de temps précédents.

Les cannabinoïdes plasmatiques et les métabolites spécifiques (7-Hydroxycannabidiol (7-OH-CBD), 7-Carboxy cannabidiol (7-COOH-CBD), 11-hydroxy-9-tétrahydrocannabinol (11-OH-THC), 11-Nor-9-carboxy-Δ9-tétrahydrocannabinol (COOH-THC) et tétrahydrocannabinol- glucuronide d’acide 9-carboxylique (COOH-THC-Glu)) ont été mesurés par chromatographie liquide en tandem avec une spectrométrie de masse et les paramètres pharmacocinétiques à l’aide d’une analyse non compartimentale ont été calculés. Pour le CBD monodose/ CBDA, la Cmax moyenne était de 105/602,1 ng/ml avec un Tmax de 2,5/1 heures et une demi-vie terminale de 2,92/1,72 heures. Aucun effet indésirable n’a été détecté au cours de l’étude multidose.

A retenir
Chez l’amazone à ailes oranges, lors d’administration par voie orale du CBD celui-ci semble rapidement métabolisé ce qui sous-entend une nécessité d’administration plus fréquente que chez les mammifères. Aucun effet indésirable n’a été noté lors de l’administration de 30mg/kg PO BID pendant 7 jours.

Etude de l’efficacité et de l’innocuité de l’administration sous cutanée de la méthadone et de l’hydromorphone chez le hérisson pygmée d’Afrique.

Efficacy and Safety of Subcutaneous Methadone and Hydromorphone in African Pygmy Hedgehogs (Atelerix albiventris)
Grayson A. Doss

L’analgésie est peu étudiée chez les hérissons, bien qu’ils soient couramment présentés pour des affections douloureuses. Cette étude a évalué l’efficacité antinociceptive et l’innocuité de la méthadone et de l’hydromorphone chez neuf hérissons pygmées africains en bonne santé dans une étude randomisée, croisée, en aveugle, contrôlée par placebo. La méthadone a été administrée à 0,5 et 1 mg/kg SC et l’hydromorphone à 0,15 et 0,3 mg/kg SC. Les latences de retrait des membres postérieurs en réponse à un stimulus nocif thermique aigu ont été mesurées pour évaluer l’efficacité antinociceptive des médicaments.

L’alimentation, le poids corporel et l’activité dans une roue ont été évalués quotidiennement pendant 6 jours après l’injection pour évaluer les effets indésirables. L’innocuité de l’administration de plusieurs doses de méthadone (1,5 mg/kg SC q2h pour 3 doses) et d’hydromorphone (0,3 mg/kg SC q6h pour 3 doses) a également été évaluée. La méthadone à 1,0 et 1,5 mg/kg a fourni une anti-nociception d’une durée comprise entre 1 et 2 heures. La méthadone à 0,5 mg/kg n’a pas produit d’anti-nociception. L’hydromorphone a fourni une anti-nociception d’une durée 2 heures (0,15 mg/kg) ou 4 heures (0,3 mg/kg). Les deux opioïdes ont produit des effets indésirables transitoires, notamment quelques vocalisations, quelques légères ataxies et des sédations. Il n’y avait pas de différences significatives dans la consommation alimentaire ou le niveau d’activité en utilisant la roue.

Des doses multiples d’hydromorphone ont entraîné une diminution significative de l’apport alimentaire total sur 6 jours. La méthadone (1-1,5 mg/kg) et l’hydromorphone (0,15-0,3 mg/kg) à dose unique peuvent être recommandés pour obtenir une anti-nociception de courte durée chez les hérissons.

A retenir
Chez le hérisson pygmée d’Afrique, la méthadone (1-1,5 mg/kg) par voie sous cutanée permet d’obtenir une analgésie d’une durée comprise entre 1 et 2 heures. L’hydromorphone administrée par voie sous cutanée permet, elle, une analgésie de 2h pour la dose de 0,15mg/kg et de 4h pour la dose de 0,3 mg/kg.

Etude pharmacocinétique et efficacité analgésique postopératoire
d’une dose forte de buprénorphine chez le furet

Pharmacokinetics and Efficacy of High-Dose Buprenorphine in Post-Surgical Analgesia in Domestic Ferrets (Mustela putorious furo)
Scott Hammer

L’objectif de cette étude était d’obtenir le profil pharmacocinétique et de tester l’utilité clinique de buprénorphine chez le furet domestique. Quatorze jeunes furets sains (sept mâles et sept femelles, âgés de 1 à 2,5 ans) ont été inclus dans l’étude et ont subi une ovariohystérectomie ou une orchidectomie.

Tous les furets ont reçu de la buprénorphine (Simbadol®, injection de chlorhydrate de buprénorphine, 1,8 mg/ml, Zoetis, Parsippany, New Jersey, USA) par voie sous-cutanée dans la région interscapulaire à 0,12 mg/kg 1 heure avant l’intervention chirurgicale prévue. Pour l’intervention chirurgicale, les furets ont été prémédiqués avec de la kétamine (2,5 mg/kg) et de la dexmédétomidine (12,5 microgrammes/kg) et une péridurale de morphine (0,1 mg/kg) avant la procédure. Les furets ont reçu du méloxicam toutes les 24 heures pendant 3 jours.

Une ponction veineuse a été effectuée à 0, 0,25, 0,5, 1, 2, 3, 6, 9, 12, 18, 24 et 36 heures après l’injection. Les échantillons de plasma ont été analysés par chromatographie liquide à haute performance couplée à une spectrométrie de masse. Une approche pharmacocinétique non compartimentale a été utilisée pour analyser les données. La concentration plasmatique maximale de buprénorphine était de 75 ng/ml, et a été atteinte à 0,25 heures. La demi-vie terminale était de 4,6 heures. La buprénorphine a été détectée pour 24 heures après administration. Des évaluations de la douleur ont été réalisées en utilisant des grilles d’expression faciales tout au long de l’étude et jusqu’à 36 heures après la chirurgie.

Aucun effet indésirable cliniquement significatif n’a été noté au cours de l’étude et ce protocole d’analgésie multimodale a produit une analgésie post-opératoire adéquate.

A retenir
L’utilisation d’une dose unique de buprénorphine fortement concentrée (Simbadol® 1,8mg/ml) à la dose de 0,12mg/kg par voie sous cutanée permet d’obtenir une bonne analgésie postopératoire lors de chirurgie de convenance chez le furet dans le cadre d’une analgésie multimodale associant kétamine, dexmédétomidine et épidurale de morphine.

lapin-mange

Etude pharmacocinétique de la méthadone injectée par voie intraveineuse,
intramusculaire et sous cutanée chez le lapin

Pharmacokinetics of Methadone via Intravenous, Intramuscular and Subcutaneous Routes in Domestic Rabbit (Oryctolagus cuniculus)
Julie Pujol

La gestion de la douleur chez le lapin est une préoccupation majeure. Cette étude visait à décrire la pharmacocinétique et les effets indésirables de la méthadone, un opioïde récepteur μ, chez les lapins néo-zélandais. Dans une étude croisée randomisée, de la méthadone a été administrée à six lapines en bonne santé : 0,3 mg/kg par voie intraveineuse (IV), 0,6 mg/kg par voie intramusculaire (IM) et 1 mg/kg par voie sous-cutanée (SC), avec des périodes de sevrage de 10 jours. Les concentrations plasmatiques de la méthadone ont été déterminées par chromatographie liquide à haute performance couplée à une spectrométrie de masse immédiatement avant et jusqu’à 24 heures après l’administration du médicament. Les fréquences respiratoires et les scores de sédation ont été évalués à chaque instant.

La consommation alimentaire, la consommation d’eau, la production de selles et d’urine ont été quantifiés. Pour les voies IV, IM et SC, la demi-vie d’élimination était de 3,2, 3,3, 7,3 h. La clairance était de 1,44 L/h/kg et le volume de distribution de 6,9 L/kg pour voie IV. La biodisponibilité pour la voie IM et SC était de 30,0 % et 23,2 %, respectivement. Les concentrations plasmatiques maximales étaient de 54,6 et 26,9 ng/ml à 0,2 et 0,6 h après administration IM et SC, respectivement. Une variabilité interindividuelle élevée a été relevée. En ce qui concerne les fréquences respiratoires et les scores de sédation, aucune différence n’a été identifiée entre les voies d’administration ou avec les animaux évalués avant traitement. Aucun événement indésirable, y compris la stase digestive, n’a été noté. Aux doses administrées, la voie IV semble préférable pour l’analgésie.

La concentration plasmatique minimale efficace de méthadone est inconnue chez les lapins, et la prudence s’impose lors de la comparaison avec d’autres espèces. Des études sont nécessaires pour évaluer la pharmacodynamie de la méthadone chez le lapin.

A retenir
L’utilisation de méthadone à 0,3mg/kg IV, 0,6mg/kg IM et 1mg/kg SC n’engendre pas d’effets secondaires cliniques chez le lapin. La demi-vie d’élimination est plus lente par vois SC (7,3h) mais la biodisponibilité est moindre par cette voie d’administration (23%). 

Etude pharmacocinétique de l’administration d’une dose unique de buprénorphine
chez le hérisson pygmée d’Afrique.

Pharmacokinetics of Single-Dose Subcutaneous Buprenorphine Hydrochloride in African Pygmy Hedgehogs (Atelerix albiventris)
Grayson A. Doss

Bien que les hérissons pygmées d’Afrique soient des NAC populaires en Amérique du Nord, il existe peu d’informations concernant l’analgésie chez cette espèce. Une étude pharmacodynamique récente examinant une dose unique de l’administration de buprénorphine de 10 à 50µg/kg SC chez des hérissons a démontré des effets antinociceptifs d’une durée de 36 (10µg) à 48 heures (30 et 50µg) sans effets indésirables apparents.

Six hérissons pygmées africains adultes en bonne santé (trois mâles, trois femelles) ont été inclus dans cette étude. L’injection de 50µg/kg a été administrée à environ 1,3 cm sous la peau dans le manteau recouvrant l’omoplate. Les échantillons de sang ont été prélevés dans les veines jugulaires proximales sous anesthésie à l’isoflurane avant l’injection puis à 0,5, 1, 2, 4, 8, 12, 24, 36, 48, 72, 96, 120 heures après l’administration de la buprénorphine. Les niveaux plasmatiques de buprénorphine ont été quantifiés à l’aide de la chromatographie liquide en tandem avec une spectrométrie de masse et un modèle non compartimental a été utilisé pour déterminer les paramètres pharmacocinétiques.

Les médianes de volume de distribution étaient de 49,7 L/kg et la clairance était de 23,9 L/min/kg. La Médiane de la Cmax était de 1,6 ng/ml et la demi-vie terminale était de 25,3 heures. La buprénorphine a une très longue demi-vie après administration sous-cutanée profonde dans le manteau chez les hérissons, probablement en raison de la présence de tissu adipeux au point d’injection et donc d’un taux d’absorption prolongé. Ces taux plasmatiques persistants peuvent expliquer les effets antinociceptifs prolongés observés après une dose unique de buprénorphine chez cette espèce.

A retenir
La buprénorphine dosée à 50µgkg et injectée par voie sous cutanée chez le hérisson pygmée d’Afrique a une absorption lente ce qui explique ses effets analgésiques de 48 heures.

lapin-mange

Effets comportementaux et physiologiques de l’administration d’une dose unique de gabapentine chez le lapin.

Behavioral and Physiologic Effects of a Single Dose of Oral Gabapentin in Rabbits (Oryctolagus cuniculus)
Rachel Conway

Le stress chez les lapins peut influencer les capacités des vétérinaires à évaluer leur santé et peut entraîner des complications telles qu’une stase gastro-intestinale ainsi que des difficultés lors de l’anesthésie. La gabapentine est utilisée comme anxiolytique chez diverses espèces. Cinq lapins femelles blancs néozélandais et trois mâles, âgées de 8 mois à 1 an, pesant de 3 à 4,5 kg, ont reçu une dose unique de 25 mg/kg de gabapentine par voie orale pour évaluer ses effets sur les comportements individuels et certains paramètres physiologiques.

Les lapins ont été évalués par un observateur en aveugle à l’aide d’un Human Intruder Test (HIT) et noté pour la docilité (score total de 0 à 8, du plus au moins docile). La fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire et la température ont également été enregistrées. Chaque lapin a été évalué le jour précédant administration de gabapentine puis à 1, 2 et 4 heures et le même schéma temporel d’évaluation a été réalisé après l’administration de la gabapentine. Aucunes différences significatives dans les paramètres physiologiques ont été observés entre avant et après l’administration de gabapentine.

Concernant le test HIT, les comportements aplanissement du lapin avec les oreilles horizontales ont été diminués (2 et 4 heures ; P = 0,05 et P = 0,013) et les comportements se rapproche de l’humain (2 heures ; P = 0,0219) ont été augmentés respectivement par rapport à la ligne de base. Les scores de docilité étaient inférieurs (= plus docile) au point de temps de 2 heures par rapport au témoin (Friedman P = 0,0461 ; Wilcoxon P = 0,0413). Ces résultats suggèrent que la gabapentine 25 mg/kg par voie orale a diminué la réactivité des lapins, sans effets significatifs sur les paramètres physiologiques observés. L’utilisation de la gabapentine est prometteuse pour réduire le stress et l’anxiété en présence d’humains et pour faciliter la manipulation chez le lapin, avec un pic d’effet à 2 heures.

A retenir
La gabapentine 25 mg/kg par voie orale chez le lapin permettrait de réduire le stress en présence d’humain avec un pic d’effet à 2 heures.

lapin-mange

Effet de l’administration de méloxicam avant la réalisation d’une castration sur la douleur et la prise alimentaire du lapin.

Effect of Administration of Meloxicam Before Rather than After Castration on Eating and Pain Indicators in Rabbits
Marina Liles

La gestion de la douleur est un aspect essentiel des soins en particulier dans la gestion de la douleur aigue, péri-opératoire et chronique. Pour traiter la douleur, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) tels que le méloxicam sont couramment utilisés en médecine vétérinaire.

Il y a certaines recommandations contradictoires quant à savoir si les AINS doivent être administrés avant ou après la chirurgie chez les lapins. L’administration d’AINS avant la chirurgie pourrait empêcher la douleur de se produire, entraînant une anesthésie plus douce et une meilleure récupération postopératoire. Le but de cette étude était de comparer l’efficacité clinique de l’administration méloxicam par voie sous cutanée sous-cutané avant la réalisation d’une castration chirurgicale plutôt qu’après. Quarante-deux lapins sains d’un refuge ont été assignés au hasard à l’une des deux populations.

Une population a reçu du méloxicam (1 mg/kg SC) 1 heure avant le début de la procédure, et l’autre a reçu du méloxicam (1 mg/kg SC) au réveil de l’anesthésie. La fréquence cardiaque avant et après la première incision scrotale a été enregistrée. La prise de nourriture, la production de selles et le score de douleur utilisant la Bristol Rabbit Pain Scale, ont été relevés 4 heures après la chirurgie et le lendemain matin. Sur la base des résultats de la présente étude, chez des lapins sains subissant une castration chirurgicale, l’administration le méloxicam avant plutôt qu’après la chirurgie n’entraîne pas d’amélioration clinique apparente, car il n’y a pas eu effet pertinent sur l’alimentation, la défécation ou les indicateurs de douleur. Des études plus approfondies sont nécessaires pour confirmer la sécurité d’administrer des AINS avant une intervention chirurgicale.

À retenir
Il n’y a pas de différence sur les effets analgésiques entre l’administration pré ou postopératoire de méloxicam à 1mg/kg SC chez le lapin. 

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